Les voileux de l’agglo d’Elbeuf en Champion’s League… sans grande publicité

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C’est comme si les footeux rouennais jouaient tous les week-ends contre le Real de Madrid ou le Bayern de Munich et que personne n’y prêtait attention. Filfax corrige le tir.

« On est Monaco ! C’est ça, on est Monaco ! » Pierre Couronné en rigole, mais il dit vrai. En usant de l’analogie footbalistique, le club de voile Saint-Aubin/Elbeuf, dont il assure la communication, se la joue effectivement comme les excellents footeux de la Principauté monégasque.

Tout en haut de l’affiche, nos voileux elbeuviens. C’est même le meilleur club seinomarin et normand actuellement (2ème du championnat de France de D1 en catégorie dériveurs, devant Nantes, Marseille ou Brest) et l’un des cinq meilleurs en France sur les dernières années. Mieux : ses éléments les plus aguerris disputeront les demi-finales de la première Champion’s League en septembre à Saint-Moritz, en Suisse. « En 2011, une année exceptionnelle, nous avons terminé champions de France des clubs et on a été élu Club de l’année par la Fédération française de voile », se rappelle avec plaisir son président, Jean-Paul Réné, citant avec la même satisfaction «  le titre national en match racing en 2016, une médaille d’argent  européenne féminine, l’intégration d’un licencié à la préparation olympique… » N’en jetez plus !

1300 licenciés dont 300 en compétition

Mais la voile n’étant pas le football en termes médiatiques, et les caméras ne se braquant que sur les catamarans du Vendée Globe et de la Coupe de l’America, pas grand-monde dans la région n’est au courant de ces exploits nautiques, hormis les passionnés et les 1300 licenciés du club, dont 300 inscrits en compétition. « Les effectifs vont crescendo d’année en année », glisse le président à la barre depuis 2002, l’année du véritable décollage de ce club né en 1976 sur les cendres du Cercle de yachting d’Elbeuf. Celle où l’ex-communauté d’agglomération d’Elbeuf, aujourd’hui fondue dans la Métropole Rouen Normandie, lui confie la gestion de la base de loisirs de Bédanne, son terrain de jeu de Tourville-la-Rivière. « Sans son président d’alors, Jacques Thoraval, un voileux convaincu, nous n’en serions pas là », sait se souvenir Pierre Couronné.

Pour qui a connu le lac de Bédanne dans les années 80 et 90, la transformation est impressionnante. D’une simple carrière de sable creusée pour la construction du viaduc de l’autoroute A 13 à un beau petit lac entretenu au cordeau. Et les installations nickel chrome sont capables d’accueillir les régates d’envergure mais aussi des milliers de plaisanciers du dimanche. L’embellie du site, outre le dévouement des quinze salariés de ce club « amateur mais semi-pro », a inévitablement permis de faire grandir cette structure protéiforme.

Car, à côté des pointures de la navigation, le club accueille chaque jour les gamins des écoles, des collèges et lycées normands, mais aussi des jeunes handicapés. « On y tient », glisse le président. Il est loin le temps des débuts et du Cercle de yachting à voile d’Elbeuf où, à l’orée des années 60, la bourgeoisie locale cabotait sur la Seine.

Gilles Triolier https://www.filfax.com/